VIII

Publié le par Célestia

CHAPITRE HUIT

 

L ‘ENVOUTEMENT

 

Une opération dangereuse comme l’est tout acte magique ayant la haine comme support.

Vous vous exposez au choc en retour si la puissance psychique de l’envoûté est plus forte que la vôtre, s’il a recours à un couvent de sorciers pour se protéger, ou s’il connaît les rites et les sortilèges qui neutraliseront vos actions.

Alors faites attention.

Mais qu’est-ce que l’envoûtement? De façon générale, et en simplifiant les choses, on peut dire que cette action magique tente à neutraliser la libre conscience d’une personne — l’envoûté — ses capacités de réflexion, de décision, afin de la faire agir dans la direclion que vous souhaitez la voir prendre.

C’est une véritable intoxication psychique qui causera dans l’esprit le même désordre qu’une intoxication alimentaire le fait dans le corps.

Si la haine vous ronge l’âme et le coeur, si votre désir de vengeance est tel qu’il vous tuera s’il ne pouvait s’exprimer, et ainsi vous libérer, alors suivez ces rites.

Ce sont ceux de la magie sombre et cruelle, de la magie noire.

 

La malédiction

C’est une forme atténuée d’envoûtement.

Pour ma part, je vous conseille de toujours commencer par ce rite. S’il ne produit pas un effet suffisant, il sera toujours temps de déchaîner les orgues du Grand Envoûtement.

Ce dernier se pratique dans l’ombre épaisse de votre antre magique, à l’inverse de la malédiction qui, elle, exige un contact physique avec la personne que vous poursuivez de votre rage.

De la maîtrise s’impose, soyez en apparence calme lorsque vous la rencontrerez.

Comme dans tous les rites de contact, celui de la fascination en amour par exemple, vous disposez d’une arme triple: contact par le regard, la peau, le souffle.

Mais, en général, c’est le premier que i’on utilise, souvenez-vous du « mauvais oeil ».

Si vous avez suivi et appliqué les exercices concernant l’entraînement du regard, la puissance de votre fascination visuelle peut exercer des ravages.

Mais ceci n’est que la phase ultime, avant cela il vous faudra suivre un certain entraînement à la façon d’un sportif se préparant à affronter un adversaire qu’il n’est jamais sûr de vaincre. N’oubliez jamais qu’en utilisant une arme, vous courez toujours le risque qu’elle ne se retourne contre vous, comme ces molosses devenus enragés et qui dévorent leur maître au lieu de le protéger.

Il vous faudra donc aiguiser, décupler votre propre force psychique, votre arme numéro un.

Il faut qu’elle soit capable, tout à la fois, d’envoyer des pensées dures et acérées comme des flèches de métal et de vous protéger dans une coque d’acier.

Pour cela, nourrissez votre esprit de pensées sombres, noires, celles qui rampent en vous depuis votre petite enfance, ressuscitez vos souvenirs de peur, de haine passée, exacerbez votre rage par des contraintes volontaires physiques et mentales.

 

Le jeûne de haine

Comme toutes les opérations se rapportant à une action de magie noire, exécutez-la dans une période de lune décroissante (entre pleine lune et lune noire) et durant dix jours.

Ce n’est pas un jeûne total car vous ne vous priverez de nourriture que pendant le repas du soir, le reste de la journée vous vous alimenterez normalement.

Le soir donc, vous vous contenterez de boire de l’eau et de grignoter quelques aliments en vous privant volontairement des plats que vous préférez.

Pour décupler votre haine, ne mangez que des aliments dont vous ne pouvez supporter la vue habituellement.

A chaque bouchée que vous avalerez péniblement, l’estomac au ras des lèvres, envoyez cette pensée furieuse:

« X... ton heure est venue de payer! »

Au bout de dix jours de cette mise en condition, vos pensées de haine seront aussi incisives qu’un rayon laser.

 

Le triangle noir

Vous avez appelé à votre aide le Grand Cornu en personne, ce faune maléfique, mi-homme, mi-bête, qui rôde dans les forêts le regard rougeoyant et le sexe durci.

Pénétrez à minuit dans votre antre de sorcier en période de lune décroissante (entre pleine lune et lune noire ou nouvelle lune).

Si nous choisissons cette heure, ce n’est pas sans raison.

Comme dans la magie d’amour, nous profitons du moment où la personne visée a baissé sa garde: elle se repose et son organisme, dans son ensemble, vit au ralenti.

Vos pensées-force de haine pénétreront d’autant mieux sa psyché profonde.

Nu sous votre robe de sorcier, recouvrez votre table d’un drap noir sur lequel vous dessinerez à la craie blanche un grand triangle.

A l’intérieur, disposez deux bougies que vous allumerez et votre brûle-parfums.

Tout autour, disposez des branchages, des feuilles, tout ce qui rappelle au Grand Cornu les lieux qu’il hante, inlassable et fiévreux.

Allumez votre encens.

Ne bougez plus, debout, les deux mains posées à plat sur le bord de votre table-autel.

La fumée d’encens monte en ondulant, fixez-la, voyez comment se dessinent ses spirales, bizarrement des formes surgissent du néant, appelez le Grand Cornu, invoquez-le.

Brutalement, vous devez le sentir là, tout près dç vous, le souffle rauque et la bave aux lèvres. Ne vou~ retournez surtout pas.

Que vos mains ne quittent pas la table.

Hurlez alors votre rage, videz votre haine comme sv « l’autre » était devant vous. Ne vous retenez pas. Le Grand Cornu adore ces scènes violentes qu’il associe aux agressions — ruts, viols, incestes — dont il fait sa pâture quotidienne.

Quand vous vous sentirez un peu libéré, appelez le Grand Cornu à l’aide. Prononcez d une voix forte:

« O Grand Cornu

Prince de la Haine

Souffle le vent du malheur sur X...

Que ma volonté soit faite. »

Prononcez trois fois cette invocation, puis attendez cinq minutes, toujours sans bouger.

Puis vous éteindrez vos bougies.

Dans les jours qui suivent, « l’autre » doit commencer à ressentir les premiers effets de votre attaque.

Répétez cette opération dix jours de suite.

Si vous la combinez avec le « jeûne de haine », cela n en sera que mieux. Vous êtes, en effet, en train de; muscler vos pensées agressives, de les dynamiser, de~ faire en sorte qu’elles jaillissent de vous brillantes et; dures comme des lames d’acier.

Votre action sera d’autant plus efficace que vous coordonnerez concentration et répétitions.

Après ces dix jours, vous pourrez rencontrer « l’autre ». En lui serrant la main, lancez votre regard au plus profond du sien, tendez votre main gauche, les deux doigts extrêmes disposés en « corne du diable », et prononcez votre malédiction.

Certains sorciers préfèrent le faire mentalement.

Pour ma part, je crois que cela a beaucoup moins de force active. Mais c’est affaire de tempérament. A vous de choisir l’une ou l’autre des deux actions.

 

L’envoûtement

On l’appelle aussi Grand Ensorcellement.

Une action magique au plus haut degré, une action d’autant plus dangereuse pour vous qu’elle est puissante.

Méfiez-vous.

Le cérémonial le plus classique, le plus efficace, le plus éprouvé, exige d’utiliser de la cire vierge.

Pourquoi de la cire vierge? Est-ce une simple tradition, sans plus?

Les Esprits « forts » le proclamaient en ricanant. Mais une fois de plus, la Science vient de donner raison à la magie.

Des expériences curieuses ont été réalisées par le Dr Bordes, à l’Institut National de Métapsychie.

Ce médecin a mis au point un appareil permettant de déceler le flux magnétique humain et d’en chiffrer l’intensité.

Il a présenté, successivement, de la cire vierge non magnétisée devant son appareil, puis de la cire vierge magnétisée.

La première n’a provoqué aucune réaction, la seconde a fait bondir l’aiguille du cadran.

Ce qui tente à prouver que la cire vierge, c’est-à-dire naturelle, non fondue, emmagasine le flux humain, et peut le conserver vivace une quinzaine de jours. Et il semblerait que la cire soit la matière naturelle la plus douée de cette propriété.

Comment donc ont fait des hommes, il y a trois mille ans et plus, pour connaître cette étrange propriété, eux qui n’avaient aucun appareillage scientifique capable d’en chiffrer les effets?

Un simple hasard?

Mais qui donc oserait prendre cette réponse au sérieux?

Revenons à notre envoûtement et à notre cire vierge.

Vous allez entreprendre cette action de Haute Magie bien entendu en période de lune décroissante (entre pleine lune et lune noire).

Pendant dix jours, vous aurez au préalable conjugué l’action du « jeûne de haine » et du « triangle noir ».

Vous pénétrerez dans votre antre à minuit, nu sous votre robe et déchaussé.

Comme pour la cérémonie du « triangle noir », recouvrez votre table-autel d’un drap noir sur lequel vous dessinerez un triangle à la craie blanche.

Disposez en son centre une photo de « l’autre » ainsi que des cheveux et des rognures d’ongles si vous avez pu vous en procurer.

Dispersez du feuillage fraîchement coupé, allumez votre encens et vos bougies.

Faites cette opération lentement, en prenant votre temps, tout en entretenant en vous la rage et la haine par des visions de vengeance assouvie.

Voyez votre victime implorante à vos genoux, gémir et se tordre, en vous demandant grâce.

Vous mettez ainsi votre psyché profonde sur la même longueur d’ondes que celle de l’entité que vous souhaitez invoquer pour qu’elle vous soit favorable et vous assiste de toute sa puissance maléfique: le Grand Cornu en personne.

Prenez votre mortier et pilez avec soin la poussière de cimetière que vous y aurez déposé au préalable. Ceci fait, lancez une pincée en direction de chaque point cardinal, tout en proclamant votre intention:

« Cette nuit X... je me vengerai de toi! »

Saisissez votre boule de cire (elle doit avoir la grosseur du poing) et commencez à la travailler.

Fixer la photo, regardez votre poupée qui prend corps peu à peu. Accentuez les parties sexuelles.

Votre figurine doit faire environ quinze centimètres de haut.

Répétez sans cesse le nom de « l’autre ».

Dessinez les yeux, le nez, la bouche, les oreilles. Plantez les cheveux et les rognures d’ongles.

La tension monte.

La poupée est terminée, retournez-la sur le dos et, de la pointe de votre couteau, gravez le nom de l’envoûté.

Que son image mentale vibre devant vos yeux, décuplant votre rage.

Saisissez votre poupée et affirmez son identité en la présentant à chaque point cardinal tout en prononçant à chaque fois son nom, puis reposez-la sur le dos au centre du triangle, sur la photo, votre objet-lien.

Le Grand Cornu est derrière vous depuis un certain temps déjà, attiré par vos projections de haine.

Son regard rougeoyant ne vous lâche plus.

Accélérez votre respiration. Le moment arrive.

Avancez votre main gauche vers votre couteau, saisissez-le.

Brusquement, vous sentez une autre force s’ajouter à la vôtre, celle du Grand Cornu, qui pèse en vous, multipliant votre rage.

Levez votre couteau tout en invoquant:

« O Grand Cornu

Que ta force gigantesque

Que ta puissance de destruction

Que ta haine et ta violence

M’aident à assouvir ma vengeance

Que X... plie et se broie

Que ma volonté soit faite. »

Visez le coeur et transpercez-le une fois... deux fois... trois fois...

Hurlez l’invocation, répétez-la dans une débauche de fureur et de haine.

Quand vous aurez retrouvé votre calme, prononcez le congé.

« O Grand Cornu

Pars et me quitte

Pour ta haine et ta force

Sois en remercié

Que ma volonté soit faite. »

 

Le nouement

C’est une action magique qui a pour résultat d’empêcher une personne d’accomplir telle ou telle chose.

Il faudra vous procurer au préalable un objet-lien (photo, cheveu, rognures d’ongles, sous-vêtements).

Vous opérerez toujours en lune décroissante, une heure après minuit, et nu sous votre robe.

Comme pour le rite d’envoûtement, revêtez votre table-autel d’un drap noir, dessinez-y un grand triangle à la craie blanche, placez en son centre photo et objet- lien, allumez bougies et encens.

N’oubliez pas les branches et les feuillages frais.

Versez un fond de mauvais vin au fond de votre coupe et déroulez votre corde-ceinture en cercle autour du triangle.

Marchez lentement autour de votre table en invoquant le Grand Cornu et en visualisant l’action que vous ne voulez pas voir s’accomplir.

Continuez à marcher jusqu’à ce que quelque chose intervienne : un frisson, une ombre mouvante, un épaississement de l’air, une manifestation qui vous préviendra que l’entité est là, attentive.

Saisissez alors, et alors seulement, votre corde.

Faites un nœud à l’une des extrémités tout en clamant cette invocation:

« X... prends garde

Je te noue par la corde magique

Par la nuit et le vent

Par les puissances maléfiques

Oui X... à l’instant je te noue

Que ma volonté soit faite. »

Faites un nœud à l’autre extrémité, un troisième au centre, ainsi que deux autres à égale distance des deux bouts de la corde. Au total cinq nœuds, cinq invocations de nouement.

Votre imagination de sorcier doit « voir » l’interpellé se refuser à commettre l’acte pour lequel vous l’avez noué, vous devez le (ou la) voir incertain, se détourner puis renoncer à son projet initial.

Enroulez alors votre corde, toujours nouée, enfermez-la dans une toile noire, puis au plus profond d’un placard.

Vous irez la rechercher pour votre deuxième séance de nouement.

Faites-les par série de neuf, toujours en lune décroissante, une heure après minuit.

Publié dans secret-du-grimoire

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article